Le domaine viticole est situé au cœur de la commune de Pomerol, dans la région du même nom (Bordeaux). Le domaine abrite une petite statue en pierre de l'apôtre qui lui a donné son nom. Bien qu'il ait obtenu une médaille d'or lors de l'exposition universelle de 1878 à Paris, le domaine a longtemps été peu connu au niveau international. Cela changea brusquement avec le millésime 1945, considéré comme le vin du siècle (voir une bouteille sur la photo). En 1925, l'exploitation est devenue en partie la propriété de Marie Louise Loubat (+1961), qui l'a entièrement acquise en 1949. A l'époque, les vignes couvraient 6,5 hectares avec les cépages merlot (70%) et cabernet franc (30%). Cette année-là, Jean-Pierre Moueix (1882-1957) a repris l'exclusivité de la commercialisation du vin. Après le décès de la propriétaire en 1961, Moueix acquit un tiers des parts, Lily Lacoste (nièce de Madame Loubat) hérita des deux autres. En 1964, Moueix a acquis de nouvelles parts pour atteindre les deux tiers. Après le décès de Jean-Pierre Moueix, son fils Jean-François (*1945) a repris les rênes en 2003 et son frère Christian (*1946) dirige la production.
Le vignoble s'est agrandi en 1969 grâce à l'achat de 5 hectares du Château Gazin voisin, pour atteindre un total de 11,5 hectares de vignes. L'encépagement a été modifié avec 95% de merlot et 5% de cabernet franc. Ce vin rouge compte parmi les meilleurs et les plus chers vins de Bordeaux et même du monde. Le millésime 2000 coûtait en 2010 (on ne devrait pas l'ouvrir avant dix ans) entre 3.500 et 3.800 €. Le célèbre journaliste spécialisé dans le vin Hugh Johnson a fait remarquer à ce sujet: "Incomparable - mais malheureusement réservé aux millionnaires". Il n'existe pas de classification Grand Cru propre à Pomerol, mais il est incontestablement le haut de gamme et au moins équivalent aux cinq premiers crus classés du Médoc. Aujourd'hui, l'étiquette ne mentionne que "Petrus", mais les anciennes étiquettes indiquent bien "Château Pétrus" (il n'y a d'ailleurs pas de Château = château). Même les bonnes années, la production ne dépasse pas 4.000 caisses (~50.000 bouteilles).
Le sol sablo-argileux et graveleux sur un lit de terre ferrugineuse avec un drainage particulièrement bon crée d'excellentes conditions. C'est idéal pour le merlot, dont le vin est vinifié à 100% pour la plupart des millésimes. Un autre critère est l'âge des vignes, dont certaines ont jusqu'à 70 ans. Et un troisième point est la limitation extrême des rendements. Lors de la taille hivernale, seuls huit yeux sont laissés sur chaque pied de vigne (deux de plus suffiraient à augmenter le rendement d'un quart). En été, une limitation supplémentaire est effectuée par un éclaircissage rigoureux d'environ la moitié. Les vendanges font l'objet d'une attention particulière. Au total, 180 vendangeurs sont prêts à intervenir sur appel. Le début de la récolte a lieu lorsque les raisins ont atteint la maturité physiologique idéale. On ne commence que l'après-midi, afin que la rosée (qui pourrait diluer le moût) se soit déjà évaporée. La récolte se fait en plusieurs passages de chaque raisin mûr. La vendange immature et malsaine est éliminée sans pitié. En cas de besoin, des méthodes inhabituelles sont également utilisées. Une fois, alors qu'il pleuvait avant le début des vendanges, un hélicoptère volant à basse altitude a été utilisé pour sécher les vignes.
L'élevage a lieu pendant 18 à 22 mois dans des barriques 100% neuves. Des contrôles sensoriels ont lieu en permanence et seuls les meilleurs fûts entrent dans le Grand Vin. Ce vin rouge sombre et extrêmement concentré se caractérise par une faible acidité, ce qui le rend doux, rond et souple. Malgré une forte teneur en tanins, le vin est tendre et huileux, on peut littéralement le croquer et le mâcher. On lui attribue des arômes de cassis, de mûres, de mûres et de prunes, auxquels s'ajoutent des notes de tabac au fil des ans. Comme nous l'avons déjà mentionné, il ne faut pas ouvrir le vin avant dix ans dans le meilleur des cas, la durée de conservation est de 30, 40, 50 ans et même plus. C'est en fait un vin que l'on devrait léguer à ses héritiers après l'avoir acheté. Les millésimes les plus remarquables sont 1964, 1967, 1971, 1975, 1978, 1979, 1981, 1982, 1983, 1985, 1986, 1988, 1989, 1990, 1995, 1996, 1998 et 1999.
Au milieu des années 1990, le domaine a fait les gros titres de la presse spécialisée dans le vin lorsque le célèbre couple d'auteurs de vin David Peppercorn et Serena Sutcliffe a mis en doute l'authenticité de bouteilles Impériale des millésimes 1921, 1924, 1926, 1928 et 1934 de Château Pétrus appartenant au célèbre collectionneur Hardy Rodenstock (1941-2018) et mises en vente. Les soupçons n'ont jamais été prouvés, mais ils n'ont pas non plus été réfutés, car il n'existe aucun enregistrement de la production de ces millésimes de la part du domaine viticole.
Photo de gauche: Par Cassandre le Minoen de Wikipedia, CC BY-SA 3.0, lien
Image de droite: par Frederik Vandaele - Flickr as Château Pétrus, CC BY 2.0, lien
